Le procès de la succession de Jean et Bernard de Chevenon au XVe siècle

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Le 2 octobre 1415, deux membres de la famille de Chevenon tombèrent à Azincourt aux côtés du comte de Nevers. L’un était Guillaume de Chevenon, fils de Huguenin de Chevenon, l’autre était son cousin germain. Il s’appelait aussi Guillaume et était fils de Jean de Chevenon. Tous deux laissaient une veuve, mais pas d’enfant.
D’un seul coup, cette famille qui avait tenu une place éminente parmi la noblesse nivernaise était appelée à disparaître. Jean de Chevenon mourut à son tour le 27 août 1418 et son frère Bernard, évêque de Beauvais, ne lui survécut que deux ans. Il mourut à Nevers en février 1420, laissant comme héritières ses deux nièces Marie et Guillemette de Maintenon. Alors s’ouvrit à propos de sa succession une série de procès qui occupèrent le Parlement de Paris pendant plusieurs années. Ventes aux enchères, oppositions, demandes reconventionnelles, rien n’y manqua. C’est à peine si le procès fut réglé en 1443. Les pièces de ce procès conservées dans les registres du Parlement fournissent sur la famille Chevenon des renseignements qui permettent de compléter ceux que l’on possédait déjà et que M. Cyprien Girerd avait groupés dans sa notice sur la famille Chevenon.
A vrai dire beaucoup d’obscurité subsiste sur la généalogie de cette famille. Il est en effet malaisé de retrouver au milieu des innombrables Jean et Guillaume de Chevenon qui apparaissent au cours des âges dans les brèves analyses de l’Inventaire de Marolles ou dans les titres originaux de la Bibliothèque Nationale. Voici comme il nous paraît possible d’établir cette généalogie pour le début du XVe siècle :

Sur Guillaume IV et son fils Huguenin les renseignements ne manquent pas. On sait qu’ils furent l’un après l’autre capitaines du château de Vincennes et qu’en 1377 Charles V allouait à Huguenin, son valet tranchant, la somme de 100 francs d’or pour les frais d’un voyage à Saint-Jacques de Galice. Jean de Chevenon jouit sous Charles VI des mêmes faveurs royales. Il fut aussi valet tranchant, huissier d’armes du roi, son écuyer d’écurie, et des lettres du 3 novembre 1394 (à cette date sans doute son frère Huguenin était mort) l’établirent à son tour capitaine des château et tour de Vincennes.
Huguenin laissa un fils : Guillaume. Jusqu’à présent seuls les registres du Parlement révèlent l’existence de ce personnage. C’est lui qui dut tenir la seigneurie de Chevenon après la mort de son père. On lit en effet dans l’Inventaire de Marolles qu’en 1406 Guillaume de Chevenon, écuyer, l’Aîné, prêta hommage pour l’ancienne maison forte de Chevenon avec fossés, motte, pourpris, etc. Nous pensons qu’il était appelé l’Aîné pour le distinguer de son cousin le fils de Jean ; car malgré la similitude des prénoms et le sort commun qui les fit succomber tous deux à Azincourt, il s’agit bien de deux personnages distincts. En 1414 , ce Guillaume à qui nous conserverons son surnom : l’Aîné, épousait Louise de Craon. Le futur mari constituait à sa femme un douaire de 400 écus d’or à prendre sur tous ses biens. Or il était très pauvre et il dut demander la garantie de son oncle Bernard. Ses revenus personnels en effet ne montaient pas, paraît-il, à 60 livres de rente. A sa mort, sa veuve s’empressa d’abandonner tous les biens meubles de la succession et resta quitte des dettes. Elle était elle-même dans une grande gêne, elle put pourtant se remarier avec un chevalier Pierre de Bailleul , et elle vendit son droit au douaire au fameux Guy de Bar, seigneur de Presles, qui, n’ayant pas d’argent liquide, lui donna en gage des joyaux qu’elle alla immédiatement engager aux Lombards de Valenciennes. Il était notoire que son premier mari était ” povre et petit mesnagier “. Cette pauvreté expliquerait qu’il vendit à son oncle Jean ses droits sur Chevenon et on comprendrait qu’en 1407 Jean de Chevenon ait pu présenter au comte de Nevers son dénombrement du château de Chevenon et de ses dépendances.
Jean de Chevenon avait en effet une fortune considérable. C’était, disait-on, le plus riche écuyer du royaume. Il avait eu sans doute une large part aux largesses de Charles VII dont il était le compagnon, mais il est bien probable que son mariage avec Philiberte de Digoine lui avait apporté un surcroît de fortune, car pendant les trente ou quarante ans que dura leur mariage, on les voit faire de nombreuses acquisitions. Ils achètent ainsi : Chevenon , Jaugenay , Magny , Cours-sous-Magny , Saint-Léger-des-Champs , Sermoise , Peuilly , Prie , Pougues , Poiseux , la terre et le château de Passy près de la Charité, d’autres biens situés à la Charité, Chazeaux-aux-Amognes , Montgoublin , Bonnay , les terres et domaines de Suilly , La Fillouse , Ferrières , Champdioux ; en Champagne, Migennes ; en Berry, des biens à Montfaucon. A une époque où la noblesse voyait généralement sa richesse décroître, on comprend que la situation de fortune de Jean de Chevenon ait frappé l’esprit de ses contemporains. L’ensemble de ces acquisitions représentait, disait-on, la somme considérable de 16 000 salus d’or qui rapportaient par an mille livres tournois de revenus.
En 1402 le fils de Jean, Guillaume, épousa une veuve de noblesse saintongeaise, Héliette Girard , que lui présenta son oncle Bernard, alors évêque de Saintes. A cette occasion Guillaume fut émancipé et ” in proeminum emancipationis ” il reçut de son père la maison forte de Passy. Son père l’aida à constituer à Héliette un douaire de 300 livres de rente à prendre sur tous leurs biens. Une somme de 2000 écus d’or qu’elle apportait devait être employée en achats d’immeubles ou de rentes immobilières qui lui resteraient propres.
Puis Guillaume mourut à Azincourt ; de longs jours se passèrent avant qu’on fût fixé sur son sort. Héliette restait veuve sans enfant. L’héritage de son mari revenait à son beau-père. Elle ne pouvait compter que sur son douaire et sur les biens qu’elle avait apportés. Or aucune des promesses de son contrat n’avait été réalisée. Son douaire n’avait point encore été constitué. Elle le réclama à son beau-père. Il mourut en 1418, recommandant dans son testament d’asseoir le douaire d’Héliette et de lui rendre ses 2000 écus. Héliette revint à la charge auprès des exécuteurs testamentaires : Oudart de Lespinasse et Bernard de Chevenon, frère du défunt et son héritier. A plusieurs reprises même elle insista auprès de Bernard qui à son tour mourut le 10 février 1420 sans avoir rien fait. Dans son codicile, pourtant, il n’oubliait pas sa très chère nièce Héliette et lui léguait son petit âne gris.
Héliette n’eut d’autre ressource que d’entrer au service de la comtesse de Nevers, Bonne d’Artois. Les possessions qu’elle pouvait avoir au-delà de la Loire étaient aux mains des Armagnacs et confisquées faute d’hommage.
Bernard de Chevenon, évêque de Beauvais, avait fini par totaliser la fortune de toute la famille Chevenon. A la mort de son neveu Guillaume l’Aîné, il avait accepté la succession abandonnée par la veuve Louise de Craon. La mort de son autre neveu lui donnait celle de Jean de Chevenon et de Philiberte de Digoine, infiniment plus importante. Enfin il avait acheté à Geoffroi de Prie, frère et héritier de Philiberte de Digoine la part qui lui revenait, d’après la coutume, dans les conquêts faits par Jean de Chevenon et Philiberte durant leur mariage. Bernard eut comme héritières ses deux nièces Marie et Guillemette de Maintenon. Marie avait épousé en secondes noces un chevalier de Bohême, Simon Ostlingher, qui vivait à la cour de Bourgogne. Guillemette était la femme d’un écuyer du pays chartrain, Hervé Le Drouais. Autorisées par leurs maris, elles acceptèrent l’héritage mais sous bénéfice d’inventaire. C’était en effet très prudent comme la suite le montra.
Le 17 avril 1421, le successeur de Bernard de Chevenon à l’évêché de Beauvais, Pierre Cauchon, présentait une requête au Parlement de Paris. Bernard de Chevenon avait reçu 3000 livres pour faire réparer les maisons et forteresses dépendant de l’évêché de Beauvais. Il n’avait fait aucune réparation, mais les 3000 livres avaient disparu. Pierre Cauchon prétendait être remboursé et demandait au Parlement, par provision, d’interdire aux héritiers de distraire tout ou partie des biens meubles ou immeubles venant de la succession. Le Parlement lui donna gain de cause , malgré les protestations des héritiers qui, prétendant n’être ” ni fols ni insensés “, déclaraient que l’interdiction était sans cause.
De cette première instance devait sortir un des plus beaux procès que le Parlement de Paris ait eu à juger au cours du XVe siècle.
L’initiative de Pierre Cauchon déclencha immédiatement d’autres actions. Le 30 juin 1421, le Chapitre de Beauvais réclama à son tour les legs que Bernard de Chevenon lui avait fait par codicille : 30 livres de rente pour célébrer à perpétuité deux anniversaires au grand-autel, son Livre des Evangiles, ” suum librum Rationale de divinis officiis ” ; plus, pour la fabrique, sa meilleure tunique ou houppelande, sa meilleure chasuble, sa meilleure ” cloche ” , et pour la librairie du Chapitre son exemplaire de Nicolas de Lyre. Les héritiers ripostèrent en déclarant qu’on ne connaissait le codicille en question que par un vidimus, ce qui était insuffisant. D’autre part Bernard l’avait fait la veille de sa mort, à un moment où il n’avait plus sa tête à lui, ” qu’il avoit esté induit par force et violence à faire ledit codicille par ses serviteurs qui s’estoient entredonnés ses robes ” et avaient distribué des legs comme ils l’avaient voulu. Le 15 janvier 1422, le Parlement décida que les legs contenus dans le testament seraient exécutés, mais qu’une enquête serait faite sur ceux du codicille avec défense de les aliéner pour le moment.
D’autres difficultés s’élevaient. Parmi les exécuteurs testamentaires de Bernard de Chevenon, Guillaume le Clerc et Jean de La Marche étaient morts sur ces entrefaites. En 1420 ils avaient fait un inventaire des biens, mais à un moment où la monnaie était faible, et leur estimation était insuffisante. Cela leur avait permis de racheter pour leur compte personnel, dans d’excellentes conditions, certains objets qu’ils convoitaient. Pierre Cauchon et les héritiers obtinrent du Parlement la nomination d’autres exécuteurs. Ce furent Pierre de Marigny, conseiller et maître des requêtes de l’hôtel, et Henri Roussel, avocat au Parlement. Mais en 1422 ceux-ci déclaraient qu’occupés ailleurs, ils n’avaient encore eu le temps de rien faire.
Cependant les héritiers s’étaient mis d’accord avec Pierre Cauchon dont ils ne contestaient pas les droits. Mais le procureur du roi, tout en reconnaissant la bonne volonté du nouvel évêque de Beauvais de faire les réparations et de ” fere du bien oudit evesché ” ; exigeait que les ordonnances de 1414 faites en cette matière furent respectées et appliquées intégralement. Il fallait qu’il fournît caution. Il en avait été ainsi dans le diocèse de Reims à l’avènement de Regnault de Chartres. Pierre Cauchon ne l’entendait pas ainsi. Sa défense vaut d’être citée : ” Il est per de France, bien resseant et pour ce on lui delivrera ladite somme simplement et sans caucion, car il est bon administrateur, et n’est prodigue, dissipeur de biens, valetudinaire ne trop ancian et a bonne volenté et bien de quoy faire valoir ledit eveschié et le prouffit de l’eglise et desja a fait besoingner en plusieurs places audit eveschié “. Il invoquait l’exemple de Chartes ou feu Me Philippe de Boisgibout avait reçu l’argent des réparations de son évêché sans fournir de caution. S’il en avait été autrement à Reims, c’est que Regnaut de Chartres ” estoit jeunes homs, curial de court de Romme et avoit freres chevaliers, escuiers, gens d’armes de grans despense “. Le 5 septembre 1422, le Parlement accepta l’accord fait par Cauchon avec les héritiers et se contenta de lui faire prêter serment qu’il convertirait bien la somme qu’il allait recevoir en réparations. Le paiement n’ayant pas été effectué, l’évêque fit saisir et vendre certains biens qui avaient appartenu à Bernard de Chevenon et qui étaient restés à Nevers.
C’est alors qu’intervint Héliette Girard, la femme de Guillaume de Chevenon, en faisant opposition à la vente. Elle avait déjà attaqué les héritiers en délivrance de son douaire et remboursement de sa dot. Ils lièrent leur défense à celle de Pierre Cauchon. L’affaire fut plaidée d’abord le 16 décembre 1423. Mais la plaidoirie la plus importante n’eut lieu que le 5 juin 1424. L’évêque déclarait tout net qu’Héliette n’avait droit à rien. Elle aurait dû faire valoir ses droits plus tôt. D’autre part il contestait son droit au douaire qui n’avait point été constitué, comme le voulait la coutume, avant le mariage, mais ” constante matrimonio “. D’ailleurs le douaire n’aurait pu comporter que la moitié des biens de son mari. Or, au moment de son mariage, Guillaume de Chevenon n’avait point à lui 300 livres de rente. Quant à la somme de 2000 francs qu’elle avait apporté en dot, les défendeurs prétendaient qu’elle n’avait jamais été versée et qu’elle était restée en dépôt aux mains de Jean Girard, le père d’Héliette.
Héliette répondait que son douaire lui avait été constitué par Jean et Bernard de Chevenon au nom de Guillaume, ce qui était tout à fait légitime. On peut s’obliger pour un étranger, disait-elle, à plus forte raison le peut-on pour son fils ou son neveu. Si le contrat avait suivi le mariage au lieu de le précéder, c’est que des circonstances particulières avaient obligé à presser la célébration du mariage. Héliette était en effet convoitée par le duc Louis d’Orléans qui voulait la marier à un de ses serviteurs. On se hâta de la marier à Guillaume de Chevenon et le contrat fut fait huit jours après.
Le 7 septembre 1424, la Cour ordonna une enquête et accorda à Héliette une provision de 150 livres par an à partir du 29 janvier 1422 à prendre sur tous les biens de Jean et de Guillaume de Chevenon.
L’action d’Héliette déclencha immédiatement une nuée d’oppositions que nous examinerons avec celles qu’Héliette rencontra elle-même quelques années plus tard. Son procès passa au premier plan et Pierre Cauchon se confondit bientôt avec les autres opposants.
Malgré les tentatives de Simon Ostlingher pour accumuler délai sur délai, l’enquête ordonnée finit par avoir lieu. Un certain Jean de Saint-Romain pour Héliette Girard et Jean des Colons pour Simon Ostlingher en furent chargés. Mais Jean des Colons n’ayant pas comparu à l’enquête le 9 octobre 1425, Jean de Saint-Romain s’adjoignit Guillaume de la Forest, bailli de Nivernais. Celui-ci, étant de l’hôtel de la comtesse de Nevers qui protégeait Héliette, était suspect de partialité. Simon Ostlingher le récusa et demanda comme enquêteur Jean de Neuville, bailli de Saint-Pierre le Moûtier , et il appela de la décision de Jean de Saint-Romain qui n’en termina pas moins son enquête le 17 octobre. Simon Ostlingher n’avait pour but que de faire traîner les choses en longueur. Le 29 avril 1426, tout en rejetant l’appel de Simon Ostlingher, le Parlement déclara que l’enquête serait poursuivie jusqu’au 15 juillet suivant , puis, sur une requête civile que présenta Simon Ostlingher, jusqu’au 1er décembre. Cependant Pierre Cauchon de son côté, continuait à répondre aux multiples opposants qui l’empêchaient d’entrer en possession de la somme destinée aux réparations de l’évêché de Beauvais.
Le 16 avril 1427 enfin, le Parlement donna gain de cause à Héliette Girard. Depuis longtemps Hervé le Drouais et Guillemette de Maintenon avaient abandonné l’instance. Simon Ostlingher et Marie de Maintenon étaient condamnés à asseoir sur les terres venant de la succession de Guillaume et de Jean de Chevenon la rente de 300 livres qui représentait le douaire d’Héliette et à lui rembourser 2000 écus d’or en monnaie courant à ce moment. Ils lui paieraient aussi 3000 livres tournois, montant des arrérages de son douaire échus entre 1415 et 1427. Enfin ils étaient condamnés à payer les frais du procès, soit 315 livres 6 sous 6 deniers parisis. Sur requête d’Héliette du 12 octobre 1427 une sergent royal signifia le jugement à la partie adverse qu’il somma de payer. On lui répondit par un refus. Alors le sergent déclara saisies toutes les terres, rentes, etc…, qui avaient appartenu à Guillaume et Jean de Chevenon. Héliette fit ajourner ses adversaires devant le Parlement, le 10 mars 1429 n. st., pour entendre ordonner la vente des biens.
Ce pouvait être le dernier acte. En fait le procès allait continuer encore jusqu’en 1443. Les multiples oppositions que Pierre Cauchon avait déjà rencontrées se levèrent à nouveau contre les droits d’Héliette. Elle eut en face d’elle les créanciers de Simon Ostlingher, ceux d’Hervé le Drouais et de leurs femmes, ceux de Jean de Chevenon, ceux de Bernard, leurs nombreux légataires, Perrinet Gressart, le duc de Bourgogne, le comte de Joigny, Guy de Bar, et d’autres encore. Certains même étaient morts au cours de ce procès interminable, mais leurs héritiers prenaient leur place. Bravement Héliette tint tête aux attaques avec une énergie qu’on peut admirer. Elle était seule, veuve, sans ressources. Sa protectrice, Bonne d’Artois, était morte depuis longtemps et beaucoup de ses adversaires étaient puissants et riches. Simon Ostlingher demandait même contre elle l’appui du roi d’Angleterre. Ni les longueurs du procès ni les artifices de procédure ne la rebutèrent. A vrai dire ces oppositions forment pour nous la partie la plus intéressante du procès. C’est sur elles qu’il convient maintenant d’insister.
Jean de Reims , bourgeois de Nevers, demandait que Saint-Léger-des-Champs fût exclu de la vente, car le 3 juin 1423 Simon Ostlingher et Marie de Maintenon lui avaient vendu cette terre pour 100 écus d’or et 40 livres tournois. Le 25 juillet 1424 Simon Ostlingher et sa femme avaient également vendu à Michel de Paris , autre bourgeois de Nevers, une rente de 70 sous tournois sur deux maisons avec jardins et vergers sises à Nevers.
Le 9 février 1425 n. st. ils avaient vendu à Ymbert Aleri une rente annuelle et perpétuelle de 60 sous tournois plus un quarteron d’avoine et deux poules et demie qu’ils prenaient sur une maison sise à Nevers.

Le 3 janvier 1427 n. st. Marie de Maintenon, autorisée par son mari, avait vendu à Renaud des Colons une rente annuelle et perpétuelle de 10 écus d’or à prendre sur la terre de Montgoublin-aux-Amognes, sur les dîmes de Marancy et sur la terre de Chesay.
C’était ensuite Guillaume le Muet à qui en 1420 Marie de Maintenon avait vendu une rente annuelle et perpétuelle de 150 livres à prendre sur les terres de Maintenon, Chevenon et Passy. Il réclamait aussi les arrérages échus jusqu’en 1429, soit 1500 livres.
Avant la mort de Bernard de Chevenon, le 2 septembre 1418, Marie de Maintenon, alors veuve de Guillaume Loiesse, chevalier, avait vendu à Nicolas Rolin, le futur chancelier de Bourgogne, une rente de 15 livres sur les château et châtellenie de Maintenon et en général sur tous ses biens ; ce qui faisait maintenant une dette de 157 livres, 10 sous tournois dont Nicolas Rolin demandait le règlement.
Le 31 janvier 1421, Simon Ostlingher et sa femme avaient vendu à Guillaume Sanguin , bourgeois de Paris, 60 livres de rente annuelle et perpétuelle. Impatient, il les avait fait assigner devant les maîtres des requêtes de l’hôtel qui les avait condamnés à payer ce qu’ils devaient, mais néanmoins Guillaume Sanguin n’avait encore rien reçu.
Le 28 mars 1421, ils avaient également vendu à Jean le Clerc , chevalier, châtelain de Beauvais et de la Motte de Luzarches, 40 livres de rente annuelle et perpétuelle sur Sermoise et Peuilly.
Au Chapitre de Nevers ils avaient vendu une rente de 3 boisseaux d’avoine qu’ils prenaient sur une terre appartenant à Pierre des Aux au village de Prier. En 1424 ils lui avaient cédé leurs droits de servitude et de mainmorte sur un certain nombre de familles serves de Soulangy et de Germigny-sur-Loire.
On a tout à fait l’impression que les héritiers de Bernard de Chevenon, en dépit des défenses qui leur étaient faites par le Parlement de ne rien distraire de la succession, s’étaient empressés de profiter d’une aubaine dont ils avaient sans doute grand besoin et, sans attendre, avaient vendu tout ce qu’ils avaient pu. Il est probable que Hervé le Drouais et sa femme Guillemette n’eurent pas le temps de faire comme eux. Au service des Anglais et du duc de Bourgogne, Hervé avait été fait prisonnier et les ennemis, disait-il, lui avaient ” gasté ses terres et revenues “. Pour payer sa rançon en 1421, il avait dû vendre à la comtesse de Nevers une rente annuelle et perpétuelle de cent écus dont il devait trois annuités à Pâques 1424. C’est sans doute pour la même raison qu’il vendit à Jean le Clerc une rente de 30 écus d’or sur les terres de Sermoise et de Peuilly, sur les châteaux et terres de Chevenon et de Passy et sur la terre et seigneurie de Cathauville.
Les créanciers de Jean de Chevenon étaient nombreux. Guillaume Giron, au nom de sa nièce Marie Giron, réclamait le paiement d’une rente constituée autrefois au profit de son frère Pierre Giron. Guillaume Chefdebois , écuyer, réclamait le remboursement de 400 livres qu’en deux fois, en 1404 et 1407, il avait prêtées à Jean de Chevenon. Puis venaient les fournisseurs, tels que Jean le Maire , changeur et bourgeois de Paris qui, en 1413, avait livré de la cire, de l’hypocras et différents produits pharmaceutiques pour soigner Jean de Maintenon, neveu de Jean de Chevenon. Sa créance était attestée par un cédule du maître d’hôtel de Jean de Chevenon, Guillaume Sardel. Jean Philippe , drapier à Paris, avait vendu des pannes à Jean de Chevenon en 1413. Jean Raimboust , autre bourgeois de Paris, soutenait les intérêts de Périnelle, veuve de Pierre du Four, pelletier à Paris, à qui la succession devait encore 28 livres 18 sous 6 deniers pour pelleteries fournies en 1413 à Jean de Chevenon. Déan de Beauvais , qui avait servi Jean de Chevenon comme procureur pendant 12 ans, réclamait une partie de ses gages, soit 60 livres parisis, plus un legs de 80 livres.
Jean de Chevenon devait également différentes sommes aux héritiers d’Etienne de la Charité , à Colette de Luppi et à Guillaume Sanguin.
Les legs pieux étaient toujours dus. C’est ainsi que Jean Grégoire , prêtre desservant une chapelle que Jean de Chevenon avait fait construire le long de l’église paroissiale de Saint-Martin de Chevenon, réclamait la délivrance des sommes destinées aux fondations pieuses ordonnées par le testament de Jean.
De son côté Bernard Béguin , licencié en lois, avait épousé une cousine de Jean de Chevenon, Philiberte de Maumigny. Il réclamait la délivrance de certains biens que Philiberte avait reçus de son cousin à l’occasion de son mariage.
De la part de Bernard de Chevenon, les créanciers n’étaient pas moins nombreux. Ses fournisseurs étaient ceux de son frère. Il ne les avait pas mieux payés. On retrouve Jean le Maire pour fournitures d’épices, Jean Philippe le drapier, Pierre du Four qui avait fourni à l’évêque une quantité impressionnante de ” gros vairs ” qu’on devait encore à ses héritiers, Déan de Beauvais qui avait aussi servi Bernard de Chevenon comme procureur et qui réclamait une partie de ses gages. Trois marchands, André de Varde, André de Passe, domiciliés à Rome, et Barthélémy Rust, marchand de Paris , réclamaient aussi le paiement de différentes fournitures, ainsi qu’Etienne de la Charité qui avait vendu à l’évêque du vin vieux et diverses pièces d’orfèvrerie à son dernier passage à Paris, et enfin Emeri de Lor , marchand à Paris, qui avait vendu de l’avoine et de la paille.
Venaient ensuite les légataires. Le Chapitre de Beauvais, comme nous l’avons vu, avait été le premier à réclamer. Il avait repris ses causes d’opposition contre Héliette Girard.
Le Chapitre de la cathédrale d’Amiens réclamait des pièces d’orfèvrerie qui se trouvaient à Paris entre les mains de Guillaume le Clerc.
Quant aux réparations de l’évêché de Beauvais, Pierre Cauchon n’avait pas cessé d’en réclamer le prix. Devenu évêque de Lisieux, il avait poursuivi son action qui maintenant était reprise par son successeur à l’évêché de Beauvais, Jean Jouvenel des Ursins.
Aux créanciers de la succession se joignaient enfin Guy de Bar, Pierre de Bailleul, Guy de la Trémoïlle, comte de Joigny, le duc de Bourgogne et Perrinet Gressart.
Guy de Bar intervenait au procès pour deux raisons. Il était le neveu de Philiberte de Digoine et prétendait avoir hérité d’elle la terre des Sièges qu’Héliette faisait vendre. De plus il déclarait que la plupart des terres vendues avaient été achetées durant le mariage de Jean de Chevenon et de Philiberte et qu’en vertu de la coutume du Nivernais les conquêts devaient, à la mort d’un des époux, être divisés par moitié. Une moitié restait à l’époux survivant, l’autre revenait aux ayants droit de l’époux défunt. L’héritier de Philiberte de Digoine était Geoffroy de Prie, son frère utérin, mais il avait vendu ses droits à Guy de Bar, qui réclamait le partage des conquêts que Jean de Chevenon n’avait pas fait et la part qui devait lui revenir.
Il ne s’en tenait pas là. Il avait acheté en 1421 à Louise de Craon son droit au douaire, beaucoup trop cher, disait-il, et il soutenait à ce propos un autre procès contre Louise de Craon et Pierre de Bailleul son mari. Ceux-ci en effet prétendaient, avec une mauvaise foi déconcertante, que la femme n’ayant pas le droit de vendre son douaire, la vente était nulle. D’ailleurs, ajoutaient-ils, Guy de Bar était loin d’avoir tout payé.
Dès 1426, Guy de Bar s’était opposé à la vente des biens de Chevenon faite par Pierre Cauchon. Mais l’évêque de Beauvais n’avait point été en peine de lui répondre. Tout d’abord, sans s’arrêter aux complications généalogiques de la famille de Chevenon, il déclarait que Louise de Craon ne pouvait être la femme de Guillaume de Chevenon, à qui il ne reconnaissait qu’une femme, ” dame Heliette Girard ” ; il refusait d’admettre qu’il y ait eu deux Guillaume de Chevenon. Il semble d’ailleurs que le célèbre évêque ait eu tendance à se contenter d’affirmations d’une authenticité incertaine. C’est ainsi qu’il soutenait que Chevenon était un ” propre héritage ” de Jean de Chevenon, ce qui était inexact. Il ajoutait d’ailleurs avec plus de raison que, même s’il s’agissait d’un conquêt, Guy de Bar n’y pouvait prétendre aucun droit. En effet Jean de Chevenon et Philiberte de Digoine s’étaient donné mutuellement tous leurs biens et Jean avait survécu à Philiberte. Cependant Geoffroy de Prie avait essayé de faire valoir ses droits et, au dire de Pierre Cauchon, une sentence arbitrale était intervenue entre lui et Bernard de Chevenon qui finalement lui avait acheté, pour 600 moutons d’or, le droit qu’il pouvait prétendre. Guy de Bar était donc mal fondé à soutenir que Geoffroy de Prie avait pu lui transporter des droits qu’il avait aliénés, à moins toutefois que Geffroy de Prie n’ait essayé de vendre deux fois ses droits aléatoires. Guy de Bar s’obstinait pourtant, contestant la validité du don mutuel comme contraire à la coutume et consenti par Philiberte la veille de sa mort, à un moment où elle était hors d’état d’entendre ce qu’on lui demandait. Mais Pierre Cauchon, sans s’arrêter à ces pauvres arguments, rétorquait brutalement que Guy de Bar ” veant que l’orrie de Chevenon retournoit a gens qui n’estoit mie de si grant auctorité qu’il estoit au païs et qui estoit lors bailli de Sens, pourchassa d’avoir ledit transport pour neant… ” et c’était peut-être bien la vérité. Malgé ces rebuffades, Guy de Bar avait repris ces mêmes causes d’opposition à l’encontre d’Héliette.
Le comte de Joigny , qui se disait doyen des pairs de Champagne, prétendait que plusieurs terres de l’héritage de Chevenon, en particulier Migennes, dépendaient de son comté de Joigny. Il réclamait le droit de relief dû en cas de succession à la ligne collatérale. Le cas s’était présenté trois fois : de Jean à Bernard de Chevenon, de Bernard à ses nièces, de Guillemette de Maintenon à sa sœur Marie de Maintenon. Il réclamait pour le tout la somme de 150 livres tournois.
Le duc de Bourgogne, agissant au nom de ses neveux les comtes de Nevers, réclamait le droit de quint denier pour toutes les acquisitions faites durant le mariage de Jean de Chevenon et de Philiberte de Digoine. Ce droit était également dû pour l’achat de la moitié des conquêts faits par Bernard de Chevenon à Geoffroy de Prie.
Au même titre, il réclamait les arrérages d’une rente de 100 écus d’or vendue à la comtesse de Nevers par Hervé le Drouais et sa femme.
En son propre nom, le duc demandait qu’on lui remboursât les frais qu’il avait faits pour la garde de Chevenon, qu’en 1427 il avait arraché à une bande de brigands qui l’occupaient au nom de Perrinet Gressart.
Quant à Perrinet Gressart, ses causes d’opposition méritent de nous retenir. En 1422, quand Charles VII assiégeait La Charité, Louis de Listenois, gouverneur du Nivernais, avait chargé Gressart d’occuper Passy avec 20 hommes d’armes et 10 hommes de trait. Perrinet s’était installé au château de Passy dans l’intention de ne plus le quitter. Les héritiers, même Héliette, étaient consentants, disait-il.
Peu après Gressart occupa Chevenon. Il se posait en protecteur des droits des héritiers dont il conservait les biens. Dès 1426 il fit opposition à la vente ordonnée par Pierre Cauchon, et le Parlement dut entendre les arguments de l’évêque de Beauvais et ceux de notre capitaine. Perrinet déclarait que sans lui la créance de l’évêque aurait été bien aventurée. C’est lui qui en occupant les biens des Chevenon situés en frontière des ennemis les avait sauvés de la destruction. Il avait fait à Passy de nombreuses réparations pour lesquelles il présentait devis et notes. Il était juste qu’il fût avant tout remboursé des frais qu’il avait faits pour le bien commun et qui devaient profiter plus aux autres qu’à lui-même. L’évêque de Beauvais ne l’entendait pas ainsi. ” Après tout, disait-il, si Gressart était à Passy, c’est qu’il l’avait bien voulu. Les réparations qu’il avait faites étaient d’une utilité contestable. Au lieu d’y perdre, il avait tiré de son occupation de grands profits et puisqu’il prétendait que le sire de Listenois lui avait commandé d’occuper Passy, c’était à lui qu’il devait s’adresser pour être payé. ” Héliette Girard eut à son tour à répondre aux arguments de Gressart. Elle reprit pour son compte ce que Pierre Cauchon avait dit et affirma que la garde de Passy, au lieu de lui coûter, lui avait rapporté plus de 10000 francs en appatissements.
Certains opposants enfin contestaient les droits de propriété des Chevenon sur quelques biens. Mais ceux-ci sont nettement moins intéressants.
Ainsi, malgré son importance, la succession des Chevenon paraissait réserver aux héritiers de sérieux mécomptes. Guy de Bar constatait avec mélancolie que les biens des Chevenon ” estoient moult chargiés de réparacions d’eveschiés, d’autres doaires et autres cherges ainsi qu’il appert par le procès de ceans et par les criees et subhastations des heritages de ceux de Chevenon.. “. Ces charges, dont la masse même décevait les créanciers inquiets de se trouver si nombreux, étaient dues pour une bonne part aux dépenses excessives de Jean et de Bernard de Chevenon. Ils avaient la réputation d’être riches et Jean passait pour être ” bon payeur “. Cependant il leur était arrivé d’oublier de payer leurs fournisseurs. Mêlés à la vie de la cour de Charles VI où l’économie n’était pas la règle, ils avaient vécu comme de grands seigneurs, dépensant en vêtements, en fourrures, en orfèvrerie, etc., plus que leurs revenus pourtant considérables. Ils avaient été maintes fois obligés d’emprunter, car ces ventes de rentes que nous avons trouvées si nombreuses dissimulent de véritables prêts à intérêt. Les prêteurs appartiennent surtout à la bourgeoisie nivernaise ou parisienne enrichie par le négoce ou titulaire d’offices : Guillaume le Muet, Etienne de la Charité, Guillaume Sanguin.
Quant aux héritiers de Bernard de Chevenon, Simon Ostlingher, Hervé le Drouais et leurs femmes, ils avaient hâte de convertir en espèces les riches terres nivernaises qui leur étaient échues. A la fin du XIVe siècle Jean de Chevenon et Philiberte de Digoine avaient beaucoup acheté, leurs successeurs s’occupent surtout de vendre. C’est qu’en effet la guerre a repris. Le comté de Nevers n’est pas épargné, les biens de Chevenon, situés en frontière, sont occupés par l’ennemi ou en partie ravagés. Les dépenses de guerre, les rançons surtout qui suffisent parfois à ruiner une famille obligent les nobles à vendre leurs héritages qui n’ont plus la valeur qu’ils avaient auparavant. Hervé le Drouais et Guillemette avaient été particulièrement éprouvés, mais Simon Ostlingher et sa femme avaient dû eux aussi vendre et emprunter. Incapables de défendre Chevenon et Passy, ils laissaient Perrinet Gressart s’y installer et l’autorisaient à s’y maintenir tant que les réparations ne seraient pas payées, et cette condition avait peu de chances d’être jamais réalisée. Aussi Perrinet avait-il fini par se considérer comme le vrai propriétaire de Passy qu’il donnait en 1437 à son neveu François de Surienne.
Mais à cette époque de troubles et de guerres où le droit semblait peu de chose, le respect du droit et de la justice n’était pas complètement aboli. Héliette Girard avait en face d’elle des adversaires puissants et redoutables : le duc de Bourgogne, Guy de Bar, Perrinet Gressart. Simon Ostlingher n’hésitait pas à demander contre elle l’appui du gouvernement anglais. Pourtant le Parlement de Paris, même au temps de l’occupation anglaise, ne refusa pas toute justice à la veuve d’un combattant d’Azincourt. Seulement le procès traîna. Les oppositions déjà plaidées pour la plupart en 1429, dans le procès soutenu par Pierre Cauchon, durent l’être à nouveau en 1435. Quand Charles VII rentra dans Paris en 1436, le procès d’Héliette Girard était en état d’être jugé. Il décida que les procédures commencées devant le parlement anglais ne seraient point annulées. Le procès de Chevenon reprit donc devant le nouveau Parlement. Le 30 juillet 1439 Héliette demanda défaut contre ses adversaires. A plusieurs reprises ils furent sommés de comparaître, mais en vain. Simon Ostlingher, qui à l’assemblée du 15 mars 1436 avait renouvelé le serment de fidélité au roi Henri VI , était en Angleterre. Il fut déclaré contumace ainsi que sa femme et, le 6 juillet 1443, le Parlement de Paris rendit 35 arrêts dans le procès de Chevenon. Tous les opposants étaient déboutés, quitte à eux à se pourvoir autrement. Les sentences portées auparavant sur la validité des droits d’Héliette étaient confirmées et Héliette, envoyée en possession de son douaire, obtenait enfin ce qu’elle réclamait depuis 1415.
Dans les années qui suivirent, Héliette portait le titre de dame de Chevenon et de Passy. On la voit aussi en possession de Chéseaux-aux-Amognes et d’autres terres qui avaient appartenu précédemment à Jean de Chevenon. Il est probable que les biens de Simon Ostlingher avaient été confisqués et qu’ils lui avaient été attribués.
Mais, malgré l’arrêt du Parlement, il semble bien qu’Héliette eut encore des difficultés à vaincre. Passy resta longtemps entre les mains de la veuve de Gressart, Huguette de Corvol. En 1450, celle-ci étant morte, le chancelier de France Guillaume Jouvenel des Ursins et Jean des Ulmes contestaient les droits d’Héliette sur Passy. Tous deux, soutenant que Passy appartenait à Perrinet Gressart, prétendaient qu’Huguette de Corvol leur avait transmis ses droits. Jean des Ulmes était le fils d’Huguette de Corvol. Le chancelier pouvait s’appuyer sur un accord ou sur la confiscation des biens de Gressart. Les détails du procès nous ont échappé jusqu’à présent, mais Héliette dut pourtant avoir gain de cause, car, en 1456, nous la voyons faire hommage au comte de Nevers pour Chevenon et pour Passy.
En 1467 elle laissa ses deux terres à son neveu Joachim Girard. Elle vivait à la cour de la comtesse de Nevers Marie d’Albret dont elle était la gouvernante. Elle mourut très âgée, à une date indéterminée, et fut sans doute enterrée à la Chartreuse de Basseville , qui lui devait un anniversaire perpétuel à la date du 23 janvier.

André Bossuat
1934 , Bulletin de la Société Nivernaise

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