Château de la Motte-Josserand
L’ensemble des informations que vous trouverez ci-dessous m’a gentiment été fourni par le propriétaire actuel du château, que ce soit le texte de la brochure décrivant cette magnifique maison forte, ou les illustrations.
Je l’en remercie grandement.
Présentation
La Motte Josserand est une « maison forte » un de ces châteaux de plaine du moyen âge, dont l’emplacement ne fut pas choisi au hasard. Il a été bâti sur un bloc rocheux entouré de marécages, le long de la vallée du Nohain.
Enfoncé dans une cuvette naturelle, la barrière d’eau lui a donné des douves naturelles de 200 à 300 mètres de large. Ce site a été habité par les hommes depuis qu’ils eurent besoin de se défendre.
Le bâtiment que vous voyez est la dernière construction qui fut édifiée au XIIIème siècle pour se protéger. Il comportait trois éléments principaux: La basse-cour, premier enclos fortifié, est réservé à l’exploitation rurale et comprend ferme, grange et remise. La bâille est un terre-plein entouré de murs et de fosses servant de défense avancée. Elle a disparue au XVIIIème siècle. Elle protégeait le pont levis, et le château qui seul, subsiste aujourd’hui.
La basse-cour à peu près intacte jusqu’en 1948, a été détruite. Le seul vestige qui en reste est la cheminée qui faisait partie de la tour carrée. Elle a été reconstruite vers le chemin d’accès extérieur.
Le plan du château, comme celui de la plupart des châteaux de plaine est régulier et symétrique : quatre pavillons rectangulaires sont reliés entre eux par des chemins de ronde. Ils forment les côtés d’un vaste rectangle dont les angles sont occupés par quatre tours circulaires.
L’ensemble de ces constructions entoure une cour intérieure. On y pénètre par le portail d’entrée au rez-de-chaussée du pavillon sud.
Au cours des siècles, trois des quatre chemins de ronde disparaissent. Deux chemins de ronde seront transformés en galerie au XVIIIème siècle. Au XIXème siècle, à la suite d’un incendie, une petite habitation remplacera le troisième chemin de ronde.
Un des attraits de la Motte Josserand est l’étude de l’ouvrage militaire montrant comment on adapta à l’artillerie à feu une construction initialement réalisée pour les armes à poings.
Les embrasures circulaires des bombardes sont très basses. Les affûts étaient dépourvus de roues. Elles datent par conséquent des débuts de l’emploi de la poudre.
Un peu d’histoire
Sous le système féodal. la seigneurie de la Motte Josserand était un fief du Comte de Nevers et relevait de la châtellenie de Donzy.
Le premier document sur la construction du château date de 1248. C’est un acte de « foi et hommage » rendu par Josserand de la Rivière à sa féale Mathilde Comtesse du Nivernois, pour “la maison forte de la Motte, dite Villiers, sise auprès de Donzy”.
Nous savons peu de choses de ce Josserand de la Rivière sauf que son frère, Bureau de la Rivière élit sa sépulture en 1266 à la Charité sur Loire.
Gilles de Sully, « seigneur de la Motte Josserand » sire de la Motte et Beaulmont est le premier dont le nom soit parvenu jusqu’à nous.
En 1332, il rend hommage au comte de Nevers, suzerain pour la « maison fort » de la Motte Josserand.
En 1359, Arnaud de Cervole, dit l’Archiprêtre, célèbre dans l’histoire du Nivernais, est chargé par la Comtesse de Nevers de chasser les bandes d’anglo navarrais qui dévastent la région. Il est révoqué de cette fonction la même année et s’empare des châteaux de Cosne, Dammarie en Puisaye, Bléneau et la Motte Josserand dans laquelle il place ses garnisons.
En 1360, sous la pression du Roi Jean le Bon, il remet le château à Jean de Melun comte de Tancarville, à qui la Comtesse de Nevers devait « plusieurs grosses sommes d’or à cause de ses gages et de ceux des siens pendant le temps où ils ont gardé le pays ». En 1371, La seigneurie appartient à Alexandre de Bazoche, écuyer, époux de Marguerite, fille de Gilles de Sully. C’est leur fils Jean qui devient à son tour seigneur du fief entre 1379 et 1381.
En 1421, Jean de Bazoche, transmet la place à son gendre Tristan de la Tournelle. Celui-ci meurt en 1426. Sa veuve Jeanne de Bazoche, vend la « forteresse, place et motte » de la Motte Josserand pour 800 écus d’or, au redouté Perrinet Gressart, chef de bande, capitaine habile, expert dans l’art de l’attaque et aventurier de génie. Perrinet Gressart désire une place forte qui lui serve de refuge et de résidence. Dès son acquisition, il aménage La Motte Josserand aux tirs des bombardes.
A proximité, dans un village aujourd’hui disparu, du nom de Villiers, il y installe une forge de fer et fait venir d’Allemagne un fondeur réputé nommé Hans de Berne, pour fabriquer ses armes.
En 1420, Perrinet Gressard assiste à la bataille de Cravant dans l’Yonne.
En 1423, il prend la Charité sur Loire et la garde au nom du roi d’Angleterre. Il est alors, un ennemi du roi de France, au service des anglais et allié à la bourgogne.
En 1426, il achète le château de la Motte Josserand et épouse Huguette de Courvol, veuve de Jean des Ulmes.
En 1429, Jeanne d’Arc assiège la Charité sur Loire. Perrinet Gressart la force à lever le siège en catastrophe. Elle y laissera son artillerie lourde dont la fameuse bombarde « La Bergère ».
En 1433, il prend Montargis avec l’aide de son neveu François de Surienne seigneur de Rosemont.
En 1435, il fait la paix avec Charles VII, roi de France et devient capitaine de Nevers et capitaine général du Nivernais.
En 1436, c’est à la Motte qu’il y marie sa nièce, Jeanne Brotière, avec Jacques de la Rivière. L’homme redouté fait des séjours de plus en plus fréquents à la Motte Josserand ou il s’y sent en sécurité. Il y meurt certainement en 1438. Perrinet laisse à ses héritiers des possessions considérables entre Donzy et la Charité. Il possédait, entre autres, le fief de Passy les Tours.
En 1446, sa veuve Huguette de Courvol a hérité de la moitié de ses biens. Elle se dessaisit de la Motte Josserand et la cède à Guillaume Jouvenel des Ursins, baron de Treynel, vicomte de Troyes, seigneur de Marigny et de Saint Briçon, capitaine lieutenant des gens d’armes de Charles, dauphin de Viennois, bailli de Sens et enfin, chancelier de France. Guillaume Jouvenel des Ursins, acquiert l’autre moitié de la Motte, vers 1466, après de nombreux désaccords avec les neveux de Perrinet Gressard.
Dès 1447, Guillaume Jouvenel des Ursins se fait appeler seigneur de la Motte Josserand et s’installe dans sa nouvelle seigneurie. En1472, il meurt. Son fils Jean, baron de Treynel, conseiller au parlement, employé auprès de la personne du roi est commis à la garde des places fortes, terres et seigneuries de la Motte Josserand, Aultry et Saint Brisson.
En 1492, Jean Jouvenel des Ursins meurt sans enfant. Sa soeur Jacquette, mariée à Jacques de Beaujeu hérite de ses biens.
La famille Jouvenel des Ursins et Perrinet Gressart marqueront le plus la Motte. La Salle des gardes et l’ancienne tour carrée datent de leur époque.
En 1534, François Jouvenel des Ursins, cousin germain de Jean acquiert la seigneurie, sans que l’on sache comment.
En 1556, Charles de l’Hôpital, marquis de Vitry possède la Motte Josserand et laisse la seigneurie à son fils François, seigneur de Vitry et de Coubert, qui la transmet à son tour en 1598, à son fils Louis. La maison reste à la famille l’Hôpital jusqu’en 1644. C’est au cours de cette période que I’édifice perd sa vocation de forteresse et devient une habitation plus confortable. Des escaliers plus larges sont percés, les fenêtres sont agrandies, le pont levis est remanié.
En 1652, la Motte Josserand abrite l’une des trois garnisons qui permirent aux nivernais de rester sous l’obédience royale, pendant que Condé cherche à rejoindre ses partisans vers Orléans.
La propriété est à la famille Brancas dès 1653, puis à la famille Lenoncourt jusqu’en 1694.
Par la suite, le château sera partagé entre deux propriétaires puis vendu à plusieurs reprises. Il passe aux mains des familles la Barre, Moncorps, Dreuille.
La famille Monmineau, communauté taisible, gére au XVIIIè plusieurs moulins, elle acquiert celui de la Motte avec le vieux château en deux fois 1829 et 1850.
L’actuel propriétaire est leur descendant direct.
Illustrations
Bibliographie
“La Motte Josserand” de Georges Bourgeois, 1938