Origines
A l’image de beaucoup de fiefs ou châtellenies d’importance toute relative comparée aux grands domaines féodaux, les origines du château de Passy semblent particulièrement difficiles à établir. En effet, les sources manuscrites nivernaises antérieures au XIVème siècle sont quasi inexistantes. De plus, sur les ruines qui nous sont parvenues, aucune étude sérieuse en archéologie du bâti n’a été entreprise.
Jean de Beaumont, premier seigneur de Passy connu
La première trace d’un seigneur de Passy que nous ayons pu retrouver remonte à l’année 1369. C’est dans l’Histoire Chronologique du Prieuré de la Charité-sur-Loyre qu’un anonyme du XVIIème siècle écrit :
La mesme année [1369], Jeanne de Courtenay, vefve de feu Jean de Beaumont, chevalier seigneur de Passy, donna au convent une maison avec le jardin derrière scituée dans la rue de la porte de La Marche, pour l’anniversaire de feu son mary. Ex carta ejus.
C’est donc Jean de Beaumont notre premier seigneur connu du fief de Passy. Le château existait-il alors ? C’est fort probable, tout au moins une maison-fort, même si nous n’en avons aucune preuve. Nous ne possédons que peu de renseignements concernant Jean de Beaumont. Il est chevalier, seigneur du Coudray-en-Berry. Un Jean de Beaumont avait été maître d’hôtel des deux rois Philippe-le-Long et Philippe-de-Valois, mais nous ne pouvons assurer qu’il s’agisse d’un Beaumont de sa descendance. Il était cependant de condition suffisamment noble pour épouser en 1362 Jeanne de Courtenay, dame d’Autry, de Cours-les-Barres et de Villeneuve-les-Genêts. Il semblerait qu’ils eurent comme nous le verrons par la suite plusieurs enfants.
Mais leur idylle ne fut que de courte durée : cinq ans plus tard, le 6 septembre 1367, le chevalier fut condamné à mort et eut la tête tranchée pour crime de lèse-majesté par sentence du nouveau prévôt de Paris, Hugues Aubriot. L’arrêt avait ordonné la confiscation de ses biens et Charles V avait probablement donné cette confiscation à son fidèle serviteur et premier chambellan Bureau de la Rivière. Quelle était la raison de cette sentence ? Etait-il passé aux Anglais ? Avait-il participé à des expéditions de brigands à l’image d’Arnaud de Cervole, l’Archiprêtre ? Les actes qui nous restent ne définissent pas la nature de son crime.
Revenons à Jeanne de Courtenay. Elle est descendante de l’illustre famille de Courtenay, qui compte parmi ses membres un empereur de Constantinople, des comtes d’Edesse ou encore la célèbre Mahaut de Courtenay, épouse d’Hervé, baron de Donzy. Jeanne est née en 1338 de Pierre de Courtenay, seigneur d’Autry, qui venait d’épouser un an plus tôt Marguerite dame de la Louptière-sur-Toulon. Jeanne attendit donc ses 24 ans avant de se marier à Jean. Est-ce son premier mari ?
La date de son décès nous est inconnue, mais comme nous l’avons dit précédemment, elle dut avoir de Jean de Beaumont plusieurs enfants. On trouve en effet dans l’Histoire Généalogique et Chronologique de la Maison Royale de France qu’
elle obtint du roy le 18 octobre suivant [1367], pour elle et ses enfants, la terre de Coudray et autres biens confisquez sur le défunt.
Qui sont ces enfants ? Nous n’en trouvons aucune trace. Et ils ne semblent pas par la suite être en possession de Passy, puisque le fief passe ensuite entre les mains de la famille Senisy…
Si vous possédez des informations sur ces enfants de Jean de Beaumont et Jeanne de Courtenay, n’hésitez pas à en faire profiter les membres des Tours de Passy.