Bonne d’Artois
Bonne d’Artois, née en 1396 et morte à Dijon le 17 septembre 1425, est une princesse française du premier quart du XVème siècle, devenue brièvement duchesse de Bourgogne par son second mariage avec Philippe le Bon, duc de Bourgogne.
Elle est la fille de Philippe d’Artois, comte d’Eu et connétable de France, et de Marie de Berry. Après la mort de son père en Anatolie en 1397, prisonnier des Turcs après la bataille de Nicopolis, sa mère se remarie en 1400 avec le futur Jean 1er, duc de Bourbon, avec qui elle aura quatre autres enfants, donc Charles, futur duc de Bourbon et Louis, comte de Montpensier.
Bonne épouse en premières noces en 1413 Philippe de Bourgogne (1389-1415), comte de Nevers et de Rethel, veuf d’Isabelle de Coucy. Le mariage est célébré au château de Beaumont-en-Artois le 20 juin 1413. Cette union entre le frère cadet de Jean sans Peur et la petite-fille du duc Jean de Berry est considéré comme « le gage de la fragile réconciliation » entre Armagnacs et Bourguignons après l’épisode de la révolte des Cabochiens.
Son époux est tué à la bataille d’Azincourt, le 25 octobre 1415, la laissant veuve avec deux très jeunes enfants, Charles, né en 1414 et Jean, né à Clamecy quelques jours avant la mort de son père.
Entre 1419 et 1423, elle fonde à Decize, dans le château des comtes de Nevers, un monastère de Clarisses réformées par Colette de Corbie.
Elle se remarie le 30 novembre 1424, à Moulins-Engilbert, avec le neveu de son défunt époux, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, veuf depuis 1422 de Michelle de France.
Bonne d’Artois meurt l’année suivante, à Dijon, le 17 septembre 1425, moins de dix mois après son remariage. Elle est inhumée dans la chartreuse de Champmol, nécropole dynastique des ducs de Bourgogne de la maison de Valois et de leur famille.
À l’occasion de sa mort, un noble et poète de la cour de Bourgogne, Guillaume de Vaudrey, composa une complainte.
Hélas, hélas, hélas, Bourgongne,
Trop mal se porte ta besongne
D’avoir perdu Bonne d’Artois
Qui fut ta duchesse neuf mois:
Dame de grant deligence,
Née de la maison de France;
Onques n’ama tirannie,
Larrons, pillars ne roberie.
C’étoit le mirouer des princesses ,
Fussent roynes ou duchesses.
Piteuse fut deuote et saige;
Gente de corps et de visaige,
Ne querest pas habis estranges,
Queues , cornes ne longues manches;
Humblement estoit atournée
Et de robes bien ordonée ,
N’amoit point gourmanderie
Ne par nuit grand vrillerie ,
Ne vins affectez d’espices ,
Dont s’ensuivent plusieurs hords vices;
Ses heures canoniaulx disoit,
Pauvres malades garir faisoit,
Et se estoit grant aulsmônière
Et l’Eglise avoit moult chière;
Jamais n’eut la croys avisée
Que ne feust agenoillée;
Toujours fut bien en compagnie
De femmes en suivant sa vie,
Ne mettoit nul en son service
Quelle sceut blasme ne vice,
Tout son temps fut renômée
Et du menu peuple amée,
Car ferme estoit en justice
Et à grâce dulce et propice,
Et sy heoit moult la guerre
Et paix norrissoit en sa terre;
Sa fin catholique et saincte
Monstre quelle amoit Dieu sans faincte;
Or lui prions que par sa grace
En paradis son lieu ly face
Et nous doint tost une nouuelle
Dame qui soit pareille à elle
Et nous face bonne lignée ;
Dicte amen je vous en prie.