Perrinet Gressart

Perrinet Gressart
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Blason hypothétique de Perrinet Gressart, d’après “L’inventaire des titres de Nevers” : Perrinet-Gressart portant un écu à une fasce accompagnée de trois quinte-feuilles.
Blason_Gressart_Peincedé
Blason hypothétique de Perrinet Gressart, d’après Peincedé : son sceau porte une fasce de … accompagnée comme de trois têtes de léopard.
Décès probablement 1437
Conjoint(s) Huguette de Courvol

Vraisemblablement d’origine poitevine, fils de Jean Gressart, roturier, modeste capitaine à la solde du duc de Bourgogne dans le Charolais, Perrinet Gressart deviendra, par son audace, son esprit d’entreprise et son manque de scrupules, le maître de plusieurs places.

Tout à la fois renard et loup, servant ses intérêts autant que ceux du Duc de Bourgogne, combattant aux côtés des anglais, secondé par une demi- douzaine de fidèles lieutenants auxquels il confiait la garde des forteresses investies, il avait fait de la guerre son industrie.

Sa fortune prit corps dès 1419 lorsque Philippe le Bon le chargea de s’emparer de la forteresse de Chevenon et de la place forte de la Charité-sur-Loire, particulièrement vulnérable.
Perrinet Gressart et ses hommes, loin d’être des enfants de coeur, s’installèrent, pillèrent le prieuré, malmenèrent les religieux et s’emparèrent de leur château de Dompierre sur Nièvre où ils entreposèrent leur butin.

Après s’être emparé du château de Passy laissé sans défense, il y installe vingt hommes d’armes et dix hommes de trait.
Puis, le 23 décembre 1423 il réussit , par surprise à investir la Charité tenue par le capitaine gascon Guillaume Baron, et il se maintient dans la place en dépit d’une contre-offensive.
A la suite de cet exploit Perrinet Gressart est fait écuyer-panetier du duc de Bourgogne ; de plus il est nommé capitaine de La Charité aux noms du duc de Bourgogne et d’Henri VI, roi de France et d’Angleterre.

Dès lors, il fit « forte guerre au roy Charles sur les marches du Berry et ès païs d’environ »
Quelques mois plus tard, Perrinet Gressart s’empare de Baulieu et de Léré sur la rive gauche de la Loire et assiège Sancerre dont il exige une rançon.

Il part pour assiéger Bourges mais échoue par manque d’effectifs. Il file alors vers le sud et s’empare de Saint-Pierre-le-Moutier.
D’origine roturière, l’écuyer-panetier veut consacrer sa promotion sociale en se mariant avec une fille noble, pensant être mieux admis dans le milieu des chevaliers nivernais. Il épouse donc, le 15 février 1424 à Chassy-en-Morvan, Huguette de Courvol dont la famille tient fief en Bazois. Ayant trouvé une dame, il lui faut un château.
Sans doute réside-t’il à Passy ou à Dompierre, mais ces demeures ne sont pas dignes de ses ambitions.

En 1425, une politique de trêve entre Charles VII et le duc de Bourgogne s’amorce avec condition de la remise de la Charité sous l’autorité royale. Pour traiter cette affaire plus ou moins secrète le roi envoya son favori, Georges de la Trémoille. Perrinet Gressart ayant eu vent de l’affaire captura l’envoyé du roi après qu’il ait eu passé le guet de la Charité et ne lui rendit sa liberté que sur une forte rançon payée…par le duc de Bourgogne.
En outre il fit connaître à la comtesse de Nevers sa détermination de ne pas céder la Charité en lui écrivant « Quant aux armignacs, je ne la bailleroye point, quelque argent qu’ils m’en voulissent donner. »
Profitant de la trêve respectée pendant les négociations, il acheta pour 800 écu d’or la forteresse de la Motte-Josserand près de Donzy à Jeanne de Bazoches, veuve de Tristan de La Tournelle-Maisoncomte. Il y fit installer une importante forge de fer pour y fabriquer des armes sous la direction d’un forgeron étranger, Hans de berne.
Sans doute ces armes étaient destinées à alimenter les garnisons dont il avait pris le contrôle, mais il passa en outre des marchés de fournitures de guerre avec les villes du Nivernais, notamment avec Decize pour des « fers de viretons, chausse-trappes et emplumages de traits d’arbalestes »

A cette époque l’emprise du duc de Bourgogne sur le comté de Nevers devint totale.
Celui voulut munir toutes les places fortes nivernaises de garnisons à sa dévotion.
Nul mieux que Perrinet-Gressart ne pouvait être chargé de ce soin et les villes furent contraintes à dépenser des sommes considérables pour renforcer leurs fortifications.
Déjà maître à Chevenon, il demande au sire de Toulongeon que la forteresse de Rosemont lui soit donnée pour le « récompenser des frais et repparations » qu’il a faits à la Charité.
En 1426 il y installe le capitaine Gauthier Coignard et ses hommes, il se fait donner également la garde du château de Meauce.
En 1428 les Armagnacs reprennent l’offensive, ils menacent Nevers et assiègent Decize, mais une intervention de Perrinet Gressart les empêche de s’en rendre maîtres.
En 1429 Jeanne d’Arc prend Saint-Pierre-le-Moutier, puis regagne la région de Bourges pour en partir mi-novembre pour aller attaquer la Charité-sur-Loire.

Perrinet Gressart qui a appris la défaite de son lieutenant et neveu par alliance François de Surienne à Saint-Pierre-le-Moutier, a renforcé les défenses et le siège dura un mois. La ville est pourtant encerclée et le 13 décembre un détachement de l’armée royale s’empare du château de Dompierre que Perrinet Gressart occupait depuis six ans.
Les munitions s’épuisant, Jeanne d’Arc renonce à lancer d’autres assauts, et regagne Mehun-sur-Yevre avec le gros de ses troupes et laisse Charles d’Albret sous les murs de la Charité.
Perrinet Gressart attendait ce moment, fit une sortie fulgurante, et Charles d’Albret dut honteusement lever le siège en abandonnant une partie de son artillerie.

La victoire remportée à la Charité accrut le prestige de Perrinet Gressart, il reprend Saint-Pierre-le-Moutier en 1431, et Saincaize. Il s’empare de Château-Chinon.
En avril 1433, Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne, lui confère le grade de capitaine général du Nivernais.
Les négociations de paix en 1434 mettent un terme a l’ascension de Perrinet Gressart.
Privé d’appui et de soutien, il monnaie ses services.

S’il restitue Château-Chinon, il obtient de Philippe le Bon la promesse de 4000 livres tournois par an tant que durerait la trêves pour la garde des place que ces hommes tenaient en Nivernais, à savoir la Charité, Passy, Cosnes, Varzy, Rosemont, Chevenon et Meauce.

En 1435 il négocie sa promesse d’abstinence de guerre avec le connétable de Richemont recevant 2800 livres du duc de Bourbon et 4000 francs or du roi. De plus il se fait nommer capitaine de la ville et du château de la Charité aux gages de 100 livres par an.

Sommé, après le traité d’Arras, de retirer ses hommes des places qu’ils tiennent, il y consent en 1436 « moyennant qu’il plaise a sa majesté de donner lettres par lesquelles il sera ordonné qu’il sera payé la somme de 1500 livres tournois pour le paiement de la solde 333 livres 6 sols, 3 deniers par mois… soit en deniers comptant, soit à prendre sur le vingtième de toutes denrées qui monteront ou descendront de la rivière de Loire à la charité et a corne »
Les trois Etats de Bourgogne ayant consenti à lui payer 8000 saluts d’or, il restitua les places, à l’exception de la Charité.
Ainsi prends fin l’épopée de Perrinet Gressart. Il se retira dans sa forteresse de la Motte-Josserand où il mourût probablement en 1437.

Perrinet à Passy

On retrouve plusieurs documents de l’époque évoquant le nombre de soldat fixe ainsi que leur nom: Colas de Chuffes, Guiot de La Vigne, Guillaume Loiseau, Jaquot Malaisié, Le Rousselet, Rouhy… Tous ces hommes sont de rudes compagnons, Perrinet déclare lui-même qu’ils ne sont pas gens à se laisser mourir de faim et il n’est pas toujours en son pouvoir de les empêcher de piller non seulement le Berry mais même le Nivernais et la Bourgogne !

Perrinet ne se contenta pas seulement d’occuper le château de Passy les Tours, il y fit de nombreuses réparations et améliorations. Un document intéressant relate le type et le coût des réparations du château, ce relevé complet a été rédigé avec le soin et la minutie dont il était coutumier :

Dépenses faites à Passy par Perrinet Gressart

  • Pour les ferrures des fenêtres du château ………40 écus
  • Pour la construction d’un moulin à chevaux ………25 écus d’or et 15 sous parisis
  • Pour une guette, y compris charpente, menuiserie,de fourniture de clous et cheville ………25 écus d’or
  • Pour la réparation des fossés, des ponts du château et des passerelles en bois ………30 écus d’or et 32 sous parisis
  • Pour la charpente du château, y compris les chevilles ………30 écus d’or
  • Pour 30 000 tuiles et 13 000 planches ………20 francs , 12 sous , 6 deniers
  • Pour 25 000 clous ordinaires ayant servi à la pose des tuiles (sans doute des plaques de bois) ………25 écus d’or
  • Pour un four à cuire la chaux pour la réparation des murailles du château ………32 écus d’or
  • Pour une prison construite dans le château ………30 écus d’or et 10 sous parisis

Total de 270 écus d’or , 20 francs, 6 deniers

Sources

Nous vous invitons à lire les ouvrages suivants concernant Perrinet Gressart :

  • Mirot Léon, Perrinet Gressart et le Nivernais de 1422 à 1435 – 1938, disponible ici : document
  • Bossuat André, Perrinet Gressart et François de Surienne, Agents de l’Angleterre – 1936, Droz, Paris
  • Flamare Henri ADAM de, Le Nivernais pendant la guerre de Cent Ans : le XVe siècle – 1925

Chronique du Mont Saint-Michel

Siméon Luce, Tome 1, p.38-39

L’an mil iiiixxxvii, viron la Saint Martin d’yver, le roy se mist sus et print Montreul ou fault Yonne Et tantost après Montargis fut recouvert et achaté par argent de François l’Arragonnais nepveu de Perrinet Grasset.
En cel an, le dit Grasset, qui avoit fait plus de grief au roy et a son party que Bourgoignon qui fust en monde et tenoit la Cheritey sur Laire et plusieurs aultres forteresses, fist son acort au roy et tantost après mourut.

Deux blasons décrits pour Perrinet Gressart :

inventaire_des_titres_de_nevers-marolles_michel_67 peincede-t23-fol65-b386-gressart

Erreurs communes

Blason_famille_fr_Grassay

Blason défini comme étant celui de Perrinet Gressart, orthographié Grassay, d’après “Généalogie de la maison de Courvol en Nivernais” : D’azur au lion d’or. D’après Bossuat, il s’agit d’une confusion avec une famille Grassay originaire du Berry.

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